Des villas balnéaires à Beaune

Personne n’ignore à Beaune l’existence des allées Fondet, allées résidentielles très »belle époque ».

Ses élégantes maisons aux façades incrustées de briques et de céramiques ne manquent pas de susciter la curiosité   et une  flânerie dans ce quartier épargné par la circulation automobile nous transporte dans les stations balnéaires de la belle époque.

Camille Fondet natif de Beaune , acheta à la fin du XIX siècle  ,une zone maraichère sur la rive droite de la Bouzaize en vue d’y édifier  ces villas  dont  dessina lui-même les plans .En promoteur avisé ,il créât  des impasses dans son quartier résidentiel afin de limiter la circulation automobile .Là où les élus de l’époque voulaient multiplier les voies de circulation  ,Fondet suggérait des allées piétonnes ,et le futur lui donnera raison !

Mais il n’était pas seul dans cette grande aventure : il partageait son rêve avec sa deuxième épouse, femme de gout et artiste : Eugénie Fondet.

Genevoise jusqu’à trente-cinq ans, elle est issue d’une dynastie de faïenciers protestants dont l’ancêtre français avait trouvé  en Suisse une terre d’accueil après la révocation de l’édit de Nantes.

Elle semble avoir été motivée très tôt par la création céramique et  reçut une formation assez poussée à l’école des arts industriels de Genève. Ce milieu familial lui  permit de développer  ses talents d’artiste à une époque où les jeunes filles recevaient rarement une formation professionnelle. Au concours de 1883, elle obtint le premier prix de céramiste ainsi que son diplôme de céramiste. Elle a laissé sa marque dans les décorations extérieures, Eugénie Fondet dessinât elle-même certaines céramiques décoratives, et a su marier les  couleurs avec brio .Sur les façades le motif obtenu par la combinaison des briques jaunes, rouges et noirs est sans cesse modulé, créant une harmonie d’ensemble.

Artiste ,céramiste et peintre à ses heures ,Eugénie Fondet n’en est pas moins une femme de son temps .Elle restée une épouse discrète accompagnant les initiatives de son mari plus qu’en en prenant elle-même .Devenue maitresse de maison après son mariage à l’âge de 35 ans ,la peinture passe au second plan ,elle devient une mère de substitution pour le jeune Maurice  Fondet enfant issu d’une première union de Camille Fondet et met au monde le deuxième enfant du couple .

Parmi les fréquentations du couple Fondet devait figurer la famille du maire Paul Bouchard, dont l’épouse avait sans  doute favorisé l’accueil de sa compatriote Eugénie, genevoise et protestante également .C’est ainsi que les époux Fondet d’engageront pleinement dans la vie locale : Camille Fondet fut conseiller municipal de 1908  à 1912, et membre du comité de bienfaisance.

La guerre arrive, avec deux fils mobilisés, la famille Fondet a fait face à cette lourde réalité.

Eugénie se lançât  dans un long combat au service des soldats blessés en se mettant à disposition de l’hôpital auxiliaire de territoire n°205 ouvert rue des tonneliers le 2 aout 1914   , par l’association des femmes françaises .Association qui prendra plus tard le nom de Croix-Rouge française.

Eugénie s’est dévouée d’une manière constante et  si efficace pendant la durée du conflit qu’on lui décernât  une médaille d’argent le 10 juillet 1919.

Elle s’investît  ensuite auprès des accouchées, leur apportant un soulagement qu’aucun service à domicile ne couvrait alors.

La paix revenue Camille et Eugénie Fondet  vécurent  entourés de leurs enfants et six petits enfants dans la villa n°7 du quartier qu’ils avaient conçu.

Camille décèdera en 1927 et sera rejoint par Eugénie en 1947.

Le quartier des villas Fondet continue de surprendre et de ravir bien des promeneurs, il a échappé à deux écueils qui ont enlaidis la plupart des quartiers répandus à la périphérie des villes : l’uniformité à laquelle les constructeurs du XX siècles ont cédé et la disparité qui affecte les maisons individuelles reflétant diversement le gout et les moyens de chaque propriétaire.               Cette réussite est le fruit d’une collaboration exceptionnelle entre les deux époux dans laquelle Eugénie Fondet a pris une large part, avec son gout d’artiste que complétaient  de solides valeurs humaines.

Si vos pas vous mènent dans les allées Fondet : n’oubliez de conjuguer Fondet au masculin et au féminin !

D’après une étude réalisée par Me Irène  Raclin : »les villas Fondet à Beaune, un art de vivre à la belle époque «